Le « financement participatif », également connu sous le nom de “crowdfunding” est un moyen de financement qui fait appel à une communauté de donateurs.
Démocratisé par internet, l’économie participative connaît une forte résonnance dans le domaine privé. En effet, les plateformes permettant de récolter des fonds dans l’optique d’anniversaires ou de projets entre amis ont le vent en poupe. Dans ce contexte, de nombreuses cagnottes en ligne ont vu le jour à l’image des célèbres Leetchi, Ulule ou encore KissKissBankBank.
Cependant, depuis quelques années, le phénomène tend à se déplacer vers la sphère publique, pour le bien-être des patients hospitalisés, notamment. Quels sont les établissements qui adoptent ce nouveau moyen de financement et quel usage en font-ils ? Tour d’horizon en Bourgogne, en Loire-Atlantique ainsi qu’en Indre-et-Loire.
Trois projets au choix pour le CHU de Dijon
En 2015, le Centre Hospitalier Universitaire de Dijon Bourgogne est l’un des premiers à se lancer dans le financement participatif.
À l’époque, le CHU bourguignon insiste : “Le CHU Dijon Bourgogne ne cherche pas à pallier les contraintes financières de l’Hôpital”. Il est plutôt question de permettre au grand public de contribuer aux projets qui le séduisent, pour une implication croissante dans la vie du service public.
La proposition, qui émane de l’adjointe au maire de Dijon, déléguée à la solidarité, à la santé et aux personnes âgées, plaît au conseil de surveillance de l’établissement. C’est ainsi que naît la plateforme de dons en ligne.
Originalité de cet outil : ce n’est pas un mais trois projets qui sont présentés aux potentiels donneurs. Cela laisse au financeur la possibilité de dépenser son argent pour une cause qui lui parle vraiment.
Au moment de l’ouverture de la plateforme, les projets proposés au financement étaient les suivants :
- projet 1 : acquisition de sonomètres pour le service de réanimation ;
- projet 2 : renouvellement du parc de téléviseurs à destination d’un EHPAD;
- projet 3 : achat d’oeuvres d’art dans le but d’égayer le parcours extérieur menant à l’accès principal de l’établissement.
On le constate, il s’agit de projets qui ne sont pas vitaux pour le fonctionnement de l’hôpital mais plutôt d’équipements liés au confort des patients et des soignants.
Pour plus de transparence dans la gestion financière des dons, le CHU Dijon Bourgogne prend soin de publier des communiqués de presse qui informent les internautes de la bonne mise en oeuvre des projets financés par le collectif.
« “Les vrais miracles font peu de bruit”, Antoine de Saint-Exupéry. Grâce aux nombreux dons reçus de particuliers et d’entreprises, un premier projet présenté sur la plateforme de dons en ligne du CHU a atteint l’objectif financier qu’il s’était fixé ! D’ici peu, les services de réanimation chirurgicale de l’établissement disposeront ainsi de quatre sonomètres afin d’améliorer leur environnement sonore. Un bénéfice certain pour les patients mais aussi pour les familles et les professionnels ! » – Direction de la communication du CHU Dijon Bourgogne.
Distribuer des histoires au CHU de Nantes Erdre
Plus récemment, en mars 2018, le CHU de Nantes situé dans le quartier Nantes Erdre, lançait lui aussi une initiative participative : financer des distributeurs d’histoires courtes à destination des patients et de leurs familles.
Installés dans les espaces d’accueil ainsi que dans les salles d’attente, lesdits distributeurs devraient permettre d’enjoliver l’attente des patients, autrement dit, de leur changer efficacement les idées avant leur consultation.
Il y a quelques années, la société Short Édition donnait naissance à ces distributeurs d’histoires dans l’optique d’offrir un instant de détente aux patients. Depuis, le concept connaît un succès grandissant : plusieurs appareils de ce type sont, en effet, installés sur l’ensemble du territoire français ainsi qu’à l’étranger. Outre les hôpitaux, on les retrouve également dans les gares, les restaurants ou encore les stations de métro.
Ce sont 6.000€ qui sont attendus pour parvenir à l’achat de ce distributeur d’histoires. En guise de remerciement, le CHU de Nantes prévoit d’éditer le nom des donateurs à la fin de chacun des contes.
Acheter des enzymes avec l’INSERM de Tours
Autre type d’établissement cette fois, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, plus connu sous l’acronyme “INSERM”, a lui aussi cédé à l’appel des sirènes du financement participatif.
Chercheur en infectiologie à la faculté de Tours, Julien Marlet réalise des travaux concernant les résistances de l’hépatite B. Plus précisément, son équipe et lui tentent de savoir pourquoi le virus de l’hépatite B résiste aux traitements de longue durée pour dégénérer en cirrhose ou encore en cancer du foie.
Dans cette manoeuvre de longue haleine, il est question d’analyser les cellules de foie de patients atteints, comme le souligne Julien Marlet dans une interview accordée à France Info Centre Val de Loire : « On part de prélèvements qui viennent de divers hôpitaux de la région. Nous, on va récupérer le génome du virus, son ADN. Notre travail, c’est de détecter cette résistance et de comprendre ses mécanismes pour pouvoir proposer des alternatives et traiter efficacement ces patients. »
Toutefois, pour poursuivre ses recherches, l’équipe doit être en mesure de recréer l’infection en laboratoire afin d’observer le déploiement du virus en présence d’anti-viraux. C’est dans ce contexte que le budget fait défaut : les chercheurs doivent pouvoir acheter des enzymes ainsi que des réactifs chimiques qui sont aussi onéreux que rares.
La somme de 7.500€ est un minimum dans cette quête aux enzymes. Si l’INSERM n’y parvient pas, il restituera à chaque donateur la somme préalablement versée. De leur côté, les scientifiques s’engagent à partager le fruit de leurs avancées avec les contributeurs. Pour prendre part au financement de la recherche, rendez-vous sur thellie.org.
Don et réduction fiscale
Avantage non négligeable du don, il est déductible d’impôt : un don de 60€ coûte en réalité 20€ à celui qui donne en raison de la réduction d’impôts, qui atteint 66% dans la limite de 20% des revenus imposables. Le surplus est reportable pendant 5 ans.